Comme c’est le cas pour de nombreuses cavernes au début de XXe siècle, la grotte de Bédeilhac attire de nombreux érudits et préhistoriens. La nouvelle science, la Préhistoire, fascine et les découvertes qui s’enchaînent partout en France, laissent chacun rêver… on remue les sols, on explore toujours plus loin sous terre, on cherche sur les parois le moindre trait, la moindre gravure, on fouille et on trouve parfois…

C’est dans ce contexte que le 16 août 1927, Joseph Mandement et quelques amis accèdent pour la première fois à une nouvelle galerie de la grotte de Bédeilhac.

Après avoir longuement rampé dans un tunnel particulièrement bas et étroit, les hommes débouchent dans une grande salle. Et là, quelle surprise ! Un grand corps animal a été dessiné d’un trait noir sur une paroi. Il semble s’agir d’un cheval, mais ni la tête ni les antérieurs ne sont dessinés.

Un peu plus loin, c’est un dessin de bison qui est découvert, puis un autre cheval dessiné avec de l’argile…

Pendant 3 ans, les visites s’enchaînent dans cette galerie, difficile d’accès, qui semble avoir livré tous ses secrets. Pourtant un élément essentiel n’a pas encore été découvert… Des œuvres créées grâce à une technique artistique très rare à la préhistoire sont là, dans la galerie…

Il s’agit bel et bien de modelages en argile ! Protégés par un petit rebord rocheux, quatre bisons ainsi qu’un sexe féminin et un signe énigmatique sont découverts. La technique a consisté à modeler la surface du sol sans jamais détacher l’argile. Les représentations ne font pas plus de 1,5cm d’épaisseur… il fallait un éclairage au ras du sol pour les voir !

La technique de modelage de l’argile ne se retrouve que dans très peu de grottes et uniquement dans les Pyrénées ! Trois se trouvent en Ariège: le Tuc d’Audoubert, Labouïche et Bédeilhac. Une quatrième est limitrophe au département, à Montespan (dans la Haute-Garonne).

Les modelages en argile peuvent prendre la forme de bas-relief, haut-relief ou de ronde-bosse. Le bison est l’animal le plus souvent représenté.

La conservation des œuvres modelées est particulièrement difficile : toute infiltration d’eau engendrerait leur disparition et il va sans dire qu’un passage humain ou animal les écraserait. On peut donc penser que cette technique fut plus largement utilisée mais que les œuvres n’ont pas résisté au temps ou aux visiteurs indélicats.

Les modelages en argile de Bédeilhac comptent assurément parmi les œuvres les plus fragiles et émouvantes de l’art préhistorique ! Vous comprendrez donc que la galerie des modelages ne se visite pas…